et boum et boum et boum. tu sens la musique pénétrer en toi. t'es fatigué, t'as beaucoup trop bû, ça fait pas un joli mélange mais tu te sens bien. ta journée de boulot est passée, ta mère est au pieu, everything is fine. maintenant t'as plus qu'à t'amuser quoi. tu danses au rythme de la musique qui te viole les tympans. ton verre est vide, tu le poses par là, soupires un peu. t'as besoin d'une cigarette. poche à la poitrine, tu sors ton paquet, te dirige vers la sortie, coin fumeur. il est à l'extérieur du bâtiment, dehors. t'es parqué comme une bête et ton enclos est entouré de gros renois qui ne s'opposeront pas à te casser la gueule si tu roules ton joint sur leur territoire. chercher pas, tu fais pas le poids.
- dis, t'aurais une clope à me filer ?
et va s'y que ça commence. tu te tournes, plonge ton regard injecté de sang dans celui de la personne en face de toi. t'es carrément défoncé par l'alcool et la fatigue mais qu'esquisse inconsciemment un sourire.

Encore une soirée de plus à mon conteur. Je sais qu’il faut que je m’arrête, mais j’y arrive pas. J’ai besoin de me changer les idées et d’oublier, ne serait-ce qu’un instant, que ma vie sentimentale est un cauchemar. Fiancé à une fille dont je ne sais rien et que je n’aime même pas, triste vie. Je sortais calmement de la boite de nuit encore sous les effets de l’alcool, mais ce n’est pas assez fort pour oublier ma vie. Qu’est-ce que je donnerai pour avoir une dose de nutella sur moi. Je marche le long de la rue déserte, en même temps, vu l’heure, pas étonnant qu’il n’y ait personne dans les rues. Je vois un banc libre et décide de m’y assoir, j’ai besoin de réfléchir je pense. Puis j’entends des pas qui se rapprochent de moi. Je ne lève même pas les yeux parce qu’à vrai dire, je m’en fou de qui ça peut être. Puis je sens l'odeur légère du tabac qui se fait de plus en plus forte au fur et à mesure qu'il s'approche. J'en ai envie. Une clope. Je m’étais promis d’arrêter, mais je n’ai jamais réussi à tenir cette résolution. C’est comme le nutella, je me freine, mais je n’arrête jamais complètement. Oh et puis merde, la seule clope de la journée, ça ne peut pas me faire de mal. Je me tourne vers lui et l'aborde d'une manière étrange « dis, t'aurais une clope à me filer ? ». Le jeune homme qui se tient devant moi est dans un état pitoyable, il ne doit sans doute pas se souvenir de la moitié de sa soirée, mais bon, je ne peux pas le blâmer pour ça. Il esquisse un sourire et que je lui rends. Lentement, il commence à sortir un paquet de sa poche et me tend une clope sans dire un mot. Je coince la coince entre mes lèvres en remerciant le jeune homme. Je tâtonne mes poches. Mon feu. Introuvable. Encore un con qui a dû me le piquer. Je me tourne face à l’inconnu qui allume sa clope. « tu peux me passer ton feu s’teu-plait ? On m’a volé le mien. ». J’avais envie de rajouter un juron et une insulte envers ces petits merdeux, mais c’est pas vraiment une manière appropriée d’engager une conversation. Surtout que je venais de passer pour le gros boulet de la soirée.

pourquoi tu souris toi ? l'alcool te rendrait-il gentil ? j'crois pas non. tu soupires, lui tends une cigarette. tu l'vois se palper le corps, sûrement à la recherche de son briquet. tu sors ta boite d'allumettes, parce que ouais, t'es d'la vieille école un peu. et que tu kiffes la première taff goût souffre, qui fait zizir à ta gorge.
- tu peux me passer ton feu s’teu-plait ? on m’a volé le mien.
il a l'air gêné un peu, alors tu ne dis rien et tu lui tends tes allumettes discount. tu tires enfin sur ta clope, toujours comme si c'était la dernière que t'allais fumer. tu fermes les yeux, tu revis un peu mais c'est éphémère. tes paupières s'ouvrent, tu raffiches des yeux injectés de sang. c'est moche, t'es grave saoul et t'es grave crevé aussi.
- t'es venu solo toi aussi ? de quoi ramener d'la chatte au bercail ?
bravo, t'as enfin ouvert ta gueule. du aldo tout cracher, pas de tact, pas de limites, pas beaucoup de respect pour les femmes. ce soir tu comptes bien niquer, avec n'importe qui. parce que tes balls sont limite pleines à craquer. tu veux prendre ton pied, ce soir. et pitié, pas avec un gars, tu le supporterais pas. parce qu'au fond tu sais que t'aimes aussi les mecs, mais t'as du mal à l'assumer. pauvre merde.