Nous étions vendredi soir et personne, je dis bien personne, n’était libre. Comme si un vendredi soir on avait mieux à faire que de sortir s’amuser et se mettre la tête à l’envers. Je soupçonnais mes potes de devenir des retraités avant l’âge. Je les imaginais, assis, chez eux, une couverture sur les genoux et une tasse de chocolat chaud dans les mains. N’importe quoi. Même Arya avait dit non. J’avais halluciné. Mais j’avais tout de même décider de sortir. Pourquoi attendre les autres, hein, j’vous le demande. Bref. Vêtue d’une robe noire qui ne devait pas être beaucoup plus longue qu’un sous-vêtement, des talons vertigineux, et les cheveux tombant en cascade sur mon dos nu, j’étais fin prête. Je rigolais seule. J’imaginais - j’aimais bien imaginer la vie des autres - la tête de mes tendres parents si ils me voyaient habillée ainsi. Leur religion les tuera. Et sans plus attendre, je claquais la porte de l’appartement que je sous-louais. Peu importe d’avoir oublié mes clefs à l’intérieur, je doutais fort de rentrer chez moi ce soir. Sur le chemin, j’engloutis une friandise au Nutella. Je ne pouvais malheureusement pas m’en passer. Enfin, non, tant mieux. C’était tellement bon. Quelques heures plus tard, la musique battait son plein. Il faisait chaud, les corps bougeaient, et je me déhanchais sur le rythme des paroles de… Aucune idée qui c’était. C’était juste bien bandant. Et alors qu’un nouveau morceau se faisait entendre, je sentis deux mains se poser sur mon épaule, ou plutôt l’agripper comme un forcené me faisait grogner de douleur. Face à moi se tenait un homme. Et il me disait vaguement quelque chose. Brun, plutôt beau gosse. « Des quoi ? Des excuses ? Mais enfin t’es pas… » Et ça fit tilt dans ma tête. « C’est toi ! Le mec qui enfonce des aiguilles dans les gens! » Ou plus communément appelé tatoueur aussi. Mais il m’avait tellement foutu la trouille. Néanmoins, ses excuses il pouvait se les mettre là où je le pensais. Je ne l’avais pas remarqué la première fois, mais il avait un charme de dingue. Aiguilles parties. « Je peux tout aussi bien m’excuser autrement. » Je lui fis mon plus beau sourire. Et à moitié défoncée, je me mis dos à lui. « Tu danses ? » Il devait avoir presque dix ans de plus que moi. C’était la première fois que je faisais du… rentre dedans à un homme en âge d’avoir son propre boulot, sa maison, sa famille. Bref, un vrai homme viril. Et je dois dire que c’était plutôt excitant. Je jetais un coup d’oeil à sa main. Pas de bague. Parfait. Je me mis à onduler. Je me fis la réflexion qu’il allait très certainement m’envoyer balader, mais elle ne me traversa l’esprit qu’une petite seconde avant que le Nutella ne me monte encore un peu plus. « En quoi ça peut bien de donner envie de charcuter les gens. T’es bizarre tu sais. » Mes paroles ne devaient plus être très cohérentes.