MIA BIONDA with tamara

Dimanche matin, je profite du vent. L'eau bouge doucement, fait tanguer la gondole sous mon corps. Les coussins confortables me servent de lit et je profite un peu. Solidement amarrée, elle tient bon et je souris, tirant sur ma cigarette. Je lève le visage vers le ciel et souffle la fumée lentement, savourant le moment de calme. Ils arrivent rarement. Quand c'est pas un plan cul, c'est juste du boulot. Je termine ma cigarette et la jette dans l'eau. Je sais, c'est pas bien, mais j'ai pas de cendrier et absolument pas le courage d'aller jusqu'à la poubelle sur la terre ferme. Je préfère être sur l'eau. Ça bouge, ça te donne l'impression d'être bourré même quand t'es aussi sobre qu'une nonne. Je souris en coin et me rassied en entendant du bruit sur la jetée. Encore deux hommes au sang chauds qui s'engueulent pour rien. En secouant la tête, je bondis sur mes pieds et m'étire. On est dimanche, tout va un peu au ralenti. Les clients ont du mal à sortir de leur lit, ce que je ne comprends que trop bien. Avec un sourire amusé, j'entreprends de ranger un peu. Mes affaires tiennent dans une caisse, glissée à l'avant sous des oreillers, faisant comme un dossier. Plutôt pratique, et tout à fait discret. J'enlève mon pull, que j'avais mis à cause de la fraîcheur du matin, le rangeant sur le côté. T-shirt simple, jeans qui tombe sur les hanches. J'ai jamais fait dans le compliqué. Et pourtant, ça marche. On va pas dire que j'ai du succès … Mais quand même. Je fais mon petit effet. Je reste debout sur ma gondole, j'attrape la perche et j'attends. Il n'y a que les touristes debout un dimanche. Surtout ceux qui ont encore le décalage horaire dans la tête, ceux qui croient qu'il est bien plus tard. C'est eux, mon fond de commerce le dimanche. Alors j'attends mes touristes préférés. Peut-être des russes. Ou des américains. C'est sexy l'accent anglais. Même si rien ne vaut une espagnole qui roule les 'r' ou un slave à la voix grave. Je secoue encore la tête, mettant un terme à mes pensées. Un coup d’œil sur les quais et je souris en coin, apercevant une jolie blondinette qui passait. Des longs cheveux, et des belles fesses, vu d'ici. Amusé, j'attends qu'elle soit à portée de voie. Avant de faire ce que fais tout gondolier face à un potentiel client. « Hey bellissima, une ballade ça vous dit ? Pour découvrir le coin, il n'y a rien de tel ! » J'ai toujours trouvé ces phrases toutes faîtes abominables et dégoulinants de stupidité. Mais à ce stade, on a plus le choix.