L'église tous les dimanches. Une tradition que t'avaient inculqué tes parents et qui te faisait grincer des dents plus jeune. T'as compris qu'en grandissant à quel point ça pouvait être important. Encore aujourd'hui et sans tes parents, tu sors tous les dimanches matins ton beau costume pour te rendre à la messe. Ça fait souvent sourire, on peut pas dire que t'es un saint. Justement. C'est ta manière à toi de te racheter. Tu chantes et pries avec conviction chaque semaine dans le simple espoir d'être pardonné pour tout ce que tu fais de travers dans ta vie. L'alcool, les filles, les bagarres... Tout s'évapore dans la maison de Dieu.

Un militaire, une femme au foyer. Tes parents. Une éducation rigoureuse, t'as toujours été sage et obéissant. T'as fait leur fierté. Chaque heure de chaque jour, tu as obéis au moindre des ordres. A l'école, à la maison, parmi tes camarades... Non, tu n'as jamais réussi à t'affirmer nulle part. Pas étonnant qu'on ait commencé à te persécuter au collège. Pas une recréation sans son lot de bousculades et de mots amers. Jusqu'à ce fameux jour, dans les toilettes des garçons. Tu dis non. Tu refuses de donner ton gouter à la brute épaisse qui ne manque pas de te flanquer la raclée de ta vie. Ta tête contre le lavabo, ta tête contre le carrelage. T'as mal. Et puis tu sais plus. Parait que t'as été retrouvé inconscient, à même le sol, et qu'on t'a tout de suite emmené à l'hôpital. Deux jours de coma. Quand enfin t'as pu reprendre l'école, tu t'es retrouvé en établissement privé et tu es devenu la brute épaisse qui te faisait trembler auparavant.

C'est au lycée que tes parents se sont fait une raison : ils n'arrivaient plus à te gérer. Malgré les corrections en tout genre. Une sacrée tête brulée. T'as fini par être viré de ton lycée privé. Ton père t'a donc inscrit dans un lycée militaire, celui qu'il avait fréquenté. L'enfer pour toi, tu rentrais que pour les vacances et tes cheveux n'avaient jamais le temps de repousser. Après le lycée, t'as continué à l'armée. T'avais pas trop le choix, qu'est-ce que t'aurait fait sinon? C'est grâce à l'armée que tu as un jour fait une escale en Italie. T'as tout de suite su que tu voulais y habiter. T'as lâché l'armée, t'as pris tes économies et t'es venu. T'étais tout neuf.

Tu t'es toujours vu père. Deux beaux enfants. Marié aussi. Une jolie femme, évidemment. Mais t'y arrives pas. Y'a quelque chose en toi que t'arrives pas à contrôler, t'es capable du pire quand il s'agit de l'amour. Tomber amoureux, tu le fais souvent. Ça marche jamais. Y'a toujours un moment où elle part avec des valises plein les bras. Tu te demandes ce qui cloche chez toi, t'es peut-être un peu trop exigeant. Ou trop violent. Faut le dire. Tu cries, tu tapes même des fois. Tu peux être tellement méchant. Tu connais le problème. C'est pas pour autant que tu changes, t'y arrives pas. Alors, bêtement, tu continues d'espérer que tu trouveras la bonne. Celle qui t'acceptera comme tu es.