Monsieur ? Vous m'entendez ? les événements s'enchaînaient trop vite. La voix de la jeune femme continuait de raisonner comme un écho dans la tête du blessé. Elle était même lourde, elle cognait dans les profondeurs de son crâne comme une massue. Qu'il avait mal au crane.
Monsieur... Restez avec nous, s'il vous plait. Inconsciemment il fermait les yeux. Pas qu'il avait mal, non il n'avait pas mal physiquement. Dans sa tête, c'était autre chose. Une douleur lui envahissait son cœur, lui serrait les tripes. Il voulait hurler mais il ne pouvait pas. Quelque chose l’empêcher de bouger les lèvres. Mais il était tellement fatigué... Terriblement fatigué.
Un instant, plus rien.
Restez avec nous ! Il sursauta d'un coup aux claquements de doigts devant ses yeux. Ses yeux ouverts entre-ouverts, remplis de larmes, il regardait cette jeune femme. Une brune qui continuait de lui parler, elle semblait vouloir s'accrocher à sa vie. Plus que lui-même. Elle semblait parler dans une langue qu'il ne connaissait pas, qu'il ne reconnaissait plus. Il ne comprenait plus ce que les personnes en blouses blanches essayaient de lui dire. Il ne comprenait plus. Une terrible chose venait de se passer. Allongé sur le brancard dans l'ambulance, il tenta de tourner la tête pour affronter le regard de cette jeune femme. Mais il ne pu bouger, il semblait comme paralyser. A vrai dire, tous ses membres semblaient paralyser. En état de choc.
Ne bougez surtout pas monsieur lui dit-elle en se penchant au-dessus de lui. Harès... Qu'avait-il fait ? Où était-il ? Dans la douleur, il regardait le plafond du camion en sanglotants.
Non monsieur, ne dormez pas ! On est bientôt arrivé ! Il était tellement fatigué, il avait mal. La douleur du chagrin l’envahissait.
Docteur, on le perd ! Ce fut sur ces dernières paroles qu'il sombra.
→
4 ans plus tôt ;
« T'as intérêt à être là ce soir et en forme, sinon je te botte le cul ! Et bouge toi de là ! Quand est-ce que tu vas devenir mature et responsable Atlas ?! » le jeune anglais soupira et se couvrit de son oreiller contre ses oreilles tandis que la voix de son frère jumeau -le parfait Harès- continuait d'hurler dans la chambre.
« Comment t'es rentré ici Harès ? [...] Moins fort... » quémanda d'une manière sarcastique le jeune Atlas affalé sur son lit et encore en cuvation de la vieille. Sa tête pesait lourd et la voix de son frangin lui semblait encore plus insupportable qu'à la normale. Sa couette et son oreiller lui furent arracher dans la minute où il prononça ses mots. Son jumeau ouvrit les rideaux furieux. Et sortit de la pièce à grands pas.
« T'es prévenu mon gars. Lèves toi si tu veux pas que papa et maman soient encore déçus de toi. » Tandis qu'il entendait les pas précipités de son frère descendre les escaliers et la porte de son studio claquait, l'adulte fut prit d'un rire.
fils parfait se dit-il en se levant lourdement.
« Vous pensez qu'elle est mignonne ? » demanda Atlas d'une manière amusée à ses parents tandis qu'ils s'activaient à cuisiner pour la nouvelle venue de ce soir.
« Tu veux bien arrêter Atlas ? Laisses ton frère tranquille ! » Réprimanda Mme Darcy d'un tendre sourire, son fils. Même si Atlas pouvait sembler des fois insupportable, elle ne pouvait pas lui en vouloir et elle ferait tout pour lui. Il semblait même être le garçon à sa mère, celui qui obtenait tout, au malheur du reste de la famille. Car si même sa mère disait oui à presque toutes ses volontés, son père semblait plus retissant. Lui était plus fier d'Harès, qui comme lui, était devenu un grand chirurgien. Assit sur une des chaises la cuisine, il croqua dans une pomme en souriant malicieusement.
« C'est quand même LA fiancée d'Harès que nous allons rencontrer. Whoua quel exploit, j'en crois pas mes yeux, mon frère s'est trouvé une copine... » dit-il penseur tandis que son père levait les yeux au ciel.
« Arrêtes de vouloir mener la vie dure à ton frère et laisses là tranquille cette fille. Tu sais très bien comment ça s'est terminé la dernière fois ! » déclara son père en levant les yeux de son journal sous les rires du jeune Atlas.
« J'y peux rien, elles m'aiment toutes ! [...] Ça va, ça va papa. Pas besoin de me lancer ce regard, je serai sage. » finit-il en riant tandis qu'il leva les mains face au regard menaçant de son père.
On va bien s'amuser ce soir... Pensa-t-il en poussant la chaise sous la table pour la ranger.
« J'ai préparé ton costume dans ta chambre Atlas, si tu veux bien le mettre... » cria sa mère avec espérance alors qu'Atlas grimpait déjà deux par deux les escaliers de la maison de son enfance.
Comme prévu, il avait enfilé le costume que sa mère lui avait préparé. A vrai dire, il était souvent rare que dans des événements de ce genre -même à toutes les soirées- que les Darcy ne se présentent sur leur 31. Pour autant, ce soir, Atlas trouvait ça grotesque qu'on s'habille pour la venue de cette fille. Elle allait certainement être passagère dans sa vie. A nouveau, elle allait tomber amoureuse du regard du frère, de lui, Atlas. Car chez Atlas, il y avait quelque chose qu'Harès n'avait pas. Ce côté garçon dangereux, un mystère.
« Atlas, tu descends ou bien? » entendit-il tandis qu'il finissait de se préparer. Harès. Parfait, ils étaient arrivés. Peu de temps après, il descendit les escaliers tranquillement. Et ses yeux se posèrent sur elle. A sa vue, il fut prit d'un arrêt mais il se reprit et vint s'appuyer contre l'encadrement dans la porte les mains dans les poches. Il ne pouvait détacher ses yeux d'elle tandis qu'elle provoqua les rires de ses parents. Et oui, les deux frères étaient réellement des portraits crachés l'un de l'autre physiquement. Mais au fond, ils étaient distinctement différents. Les yeux du beau Atlas ne quittait la silhouette de la nouvelle venue,
Béalda s'inscrivit dans sa tête. Quel jolie prénom pour une si jolie jeune femme. Elle était différente de toutes les autres, de celles qu'il avait rencontré, de celles que son frère avait pu avoir. Comment avait-il fait ? L'espace d'un instant, il ressentit de la jalousie pour lui. Une première dans le domaine du cœur. Sans un mot ni même sans se présenter, il suivit son frère dans la salle à manger sous les dires de leur mère. Il attrapa les assiettes et les déposa dans les mains de son frangin. Cependant, il ne les lâcha pas et focalisa son regard sur celui de son frère -qui celui-ci haussa un sourcil en essayant de prendre les assiettes.
« Elle est très belle. » lui dit-il simplement. Ce qui était étonnant venant d'Atlas mais aussi curieux. Lui qui souvent disait des blagues salaces à propos des copines de son frère. Son frère n'avait peut-être pas su comment prendre cette phrase. Une menace ? Le jeune Atlas esquissa un sourire et laissa les assiettes dans ses mains puis ébouriffa les cheveux de son frère avant de quitter la pièce.
→
il y a quelque mois ;
« Écoutes moi frangin. Je suis le plus grand et tu dois écouter les plus grands... » commença Atlas en montant dans la voiture côté conducteur. Il était sobre et responsable. Pour une fois. Il se le devait ce soir là. C'était plutôt rare que les deux frères sortaient ensemble, eux si différent l'un de l'autre. Mais Atlas voulait faire ça bien, il s'était rendu compte de la distance qu'il y avait entre eux depuis des années et il voulait en quelque sorte rattraper le temps perdu. Atlas avait été un connard ces dernières années. Le rire dans l'abitacle raisonna tandis que son jumeau montait à ses côtés.
« Tu as que quelques minutes de plus que moi Atlas... » commença-t-il en secouant la tête.
« C'est pour ça que je te dis de m'écouter ! » souria-t-il d'un grand sourire fier de lui en démarrant la voiture et en quittant le parking du bar. Ils prirent la route en direction de la maison d'Harès où sa tendre compagne l'attendait.
« Je sais que c'est pas mon genre, d'habitude. Et si tu commences à rire, je te descend. Tu m'as compris fréro ? » menaca-t-il en riant son frère tout en regardant devant lui. La nuit était calme et elle était plutôt bien éclairée. Les deux jeunes frères avaient passé une excellente soirée et celle-ci allait bien se terminer. Harès lui promit de ne pas rire.
« Je voulais juste que tu saches que j'suis heureux pour toi. Pour Béalda et toi. Vraiment ! » insista-t-il à la fin alors qu'il voyait bien le regard surpris de son jeune frère. Celui-ci ne dit que quelques mots pour le remercier, après tout, il ne savait pas vraiment comment le prendre. C'était très rare venant du jeune Atlas mais celui-ci le pensait. Bien qu'en omettant sa jalousie à son égard. Son frère l'écoutait attentivement tandis qu'il vérifiait son portable et confirmait à sa douce qu'il était sur le chemin du retour.
« 5h40.. J'espère pour toi que tu n'ai pas un homme mort » ricana Atlas en baissant les yeux sur le poste qui indiquer l'heure.
« Tu viendras à mon enterrement j'espère ! » répliqua son frère en se redressant sur son siège. Ce que fit Atlas aussi car les routes ici étaient dangereuses malgré la grande vigilance à laquelle il roulait.
Promis. Il n'eut pas le temps de prononcer ses mots que tout se passa très vite. Il était apparu au milieu de nul part, comme ça, comme par magie. Le jeune Atlas paniqua, il ne pu rien faire pour éviter la bête, juste à braquer sur le côté. Le volant fut braqué. Cela avait été juste un geste instinctif. La voiture changera de route et fut prise d'un élan pour commencer un tonneau. Les corps des garçons n'étaient que pantin dans la belle voiture. Puis dans la seconde qui suivit ce fut avec horreur qu'il vit le corps de son jumeau, sa vie, passait par le pare-brise. Sa main voulut le rattraper mais trop tard, son corps fut à nouveau propulser contre le siège, sa tête contre le plafond puis son front contre le volant. Sa course se termina dans le fossé alors que de où il était il pouvait voir son jeune frère sur la route, allongé, comme un pantin désarticulé. Impossible de bouger, il hurla à la mort la main tendue vers lui. Il hurlait la douleur. Ce n'était pas la douleur physique, c'était de la douleur émotionnelle. Il hurlait à la mort de son frère comme une meute qui hurle à la mort d'un jeune loup. Malgré sa conviction à sortir de l’habitacle, il était coincé. Du sang coulait sur son front, le long de son cou, de sa clavicule. Il ne voyait que son frère, celui-ci ne bougeait pas. Certainement mort sur le coup. Il venait de perdre une partie de lui, une partie de sa vie.
Son frère.
Il hurla. Il hurla le prénom de l'être perdu en se redressant sur le lit. Son coeur battait à tout rompre dans sa cage thoracique et la sueur coulait le long de son corps. Comme à chaque fois qu'il faisait un cauchemar de cette
nuit là. Il savait qu'il venait de réveiller la femme à ses côtés, il le faisait depuis des semaines à présent. C'est alors qu'il lui tourna le dos et s’essaya au bord du lit. La tête entre les mains pour reprendre son souffle, pour reprendre ses esprits. Les larmes coulaient encore sur ses joues quand des petits bras tendres encerclèrent son torse musclé. Béalda. Elle le serra contre elle en posant sa tête dans son cou comme pour le rassurer.
«C'est fini » lui dit-elle doucement en chuchotant dans son oreille.
« Je suis là, tu es réveillé mon chéri.. » lui assura-t-elle en lui caressant doucement le bras. Il ferma les yeux et se laissa aller dans ses bras alors que le battement de son cœur ralentissait au fur et à mesure qu'il se contrôlait. Le jeune homme pouvait sentir le petit ventre arrondi de la jeune femme contre son dos.
Son bébé. Celui-ci l’apaisait. Penser à ce petit bout dans ce ventre l'apaisait, le calmait. Pas que sa nouvelle femme le remplisse pas son rôle, non... Il l'aimait de tout son cœur pour qu'elle réussisse. Mais en ce moment, il était perdu. Pas qu'en ce moment, depuis des mois. Doucement, il se libéra de ses bras et quitta la chambre à coucher sans un mot. Cela était devenu un rituel maintenant. Chaque matin se passait ainsi. Il ne comprenait pas encore comment elle ne l'avait pas encore démasqué, lui qui crier son propre prénom lorsqu'il se réveillait.
Assit en face de son ami(e), il tournait sa cuillère dans sa tasse de café encore et encore. Les cernes sous les yeux, il ne relevait même pas la tête vers lui/elle.
« Allo la terre ? Ici (prénom), tu me reçois Atlas ? » s'exprima la personne en face de lui tout en passant ses mains devant les yeux du jeune britannique.
« Hm ? Excuses-moi, j'étais dans mes pensées... Tu disais ? » lui dit-il en relevant ses yeux fatigués vers lui/elle.
« Tu rigoles j'espère ! Je l'ai remarqué, Atla. Ça ne peut pas continuer comme ça et tu le sais ! » réprimanda son ami(e) d'une manière furieuse.
« Je dis ça pour toi Atla, tu es mon ami. On se connait depuis... Oula je ne compte plus ! Tu es en train de te détruire, moralement et physiquement. Regardes dans l'état que tu es... Ce mensonge te détruit à petit feu. Je sais, je comprend le deuil que tu portes encore mais ce n'est pas de ça que je te parle. Et ne crois pas que je vais rester là sans rien faire ! S'il le faut, j'irai leur dire moi ! » déclara-t-il(elle) tel un chef de guerre, le poing contre la poitrine. Les phrases qu'il(elle) prononça le firent tilté et il attrapa son poignet de force comme pour l'arrêter.
« Non ! Je t'ai déjà dis non (prénom) ! Et plusieurs fois... Je sais que je suis dans de beaux draps, merci de me le faire rappeler. Je sais pas comment m'en sortir. Ils... Ils me le pardonneront certainement jamais (prénom) et tu le sais. Surtout elle ! Je sais plus quoi faire... » déclara-t-il en prenant sa tête entre ses mains, les yeux clos. Il ne pouvait imaginer sa vie sans elle à présent. Aujourd'hui, il avait une belle vie. Cependant, il avait volé la vie de son frère. C'était un menteur, un profiteur. Sa famille ne lui pardonnerait jamais et surtout pas elle. Elle le foutra dehors et jamais il ne la reverra. Elle et surtout jamais il ne verra l'enfant qu'elle porte. Le sien.
« T'en fais pas... On trouvera une solution, je te le promet » s'exprima la personne en face de lui un essaie de sourire réconfortant, lorsqu'il releva la tête vers elle.
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