Vous voulez une histoire ? Mais je ne suis pas le père Castor moi ! Bon puisque vous insistez et qu'en fait vous me cassez un peu les pieds je vais le faire. Mais je préfère vous prévenir, je n'ai pas eu la vie la plus excitante qui soit...
Je suis donc né à Florence, cette ville de passion où Lorenzaccio défit l'autorité paternelle et divine. Belle ville que Florence, aux villas médicéennes splendides et aux chemins datant de l'antiquité. J'aimais beaucoup ma ville. Comment ça, vous vous en fichez ? ! Ce n'est pas ce que vous voulez savoir ? Mais c'est moi qui raconte, donc tant pis pour vous.
Je suis fils unique, mes parents n'étaient pas fous et désiraient pour moi ce qu'il y a de meilleur et voulaient donc garder leur peu de revenus pour mon avenir. Nous n'étions pas pauvre, mais nous n'étions pas riches non plus. Mon père tenait un magasin d'alimentation générale qui ne fonctionnait pas trop mal et ma mère était institutrice. C'est d'ailleurs comme ça que je l'ai rencontré, elle. Mais je reviendrai dessus plus tard. N'insistez pas, nous avons tout le temps ! Je ne suis pas sûr qu'avoir été enfant unique ait beaucoup servi à mon ouverture sociale. J'étais un gosse renfermé sur lui-même, pas très bavard, plutôt timide et un peu agressif quand je n'avais pas ce que je voulais. Je n'étais pas mauvais en cours, mais je n'étais pas franchement l'élève le plus apprécié qu'il soit. Toujours en train de dessiner le nez dans mes cahiers ou en train de jouer aux billes tout seul dans un coin. Et puis on a déménagé. Je pense que ce jour-ci a changé ma vie.


C'est là que je l'ai rencontrée, cette petite rouquine à l'air malicieux, plus jeune que moi et pourtant terriblement attachante. Alors que je n'avais pas d'amis, cette fille a réussi à m'amadouer et encore aujourd'hui, elle continue. J'aurai pu m'entendre avec son frère qui avait pratiquement mon âge, mais je jetais mon dévolu sur elle. Eziria, mon petit rayon de soleil. A l'époque, je l'aimais beaucoup parce qu'elle collectionnait les cartes Pokémon et une fille qui fait ce genre de choses, faut pas la laisser passer. Nous étions tout le temps fourrés ensemble. En fait nos parents se connaissaient puisque chacun était dans le milieu de l'enseignement et je pense qu'à l'époque ils étaient plutôt contents de voir à quel point l'on s'entendait bien. Surement un peu moins au jour d'aujourd'hui vu tout ce qu'on a pu faire comme bêtises tous les deux, mais bon...
Cette fille a réussi ce que personne n'avait jamais osé auparavant. Me sortir de ma torpeur pour me faire voir le monde. Grâce à elle, j'ai appris que je pouvais être drôle, gentil, mais également charmant et même attirant. Il ne m'a donc pas fallu longtemps pour laisser faire mes hormones et me mettre à courir tout ce qui pouvait porter une jupe sans être jugé. En soit, les filles aimaient beaucoup mes yeux et je le savais. J'en jouais même.
Mais celle qui restait encore et toujours, c'était elle. Ma rouquine. Ma meilleure amie. Nous nous soutenions dans toutes nos épreuves et conneries. Travailler dans une animalerie pour acheter un chien à ma mère ? Pas de problème, elle était là, à côté de moi. D'un côté, notre passion à tous les deux, ce sont les animaux. A tel point que cette expérience nous a donné envie d'ouvrir notre propre salon de toilettage canin. Enfin... Disons que je m'occuperai de la partie animalerie et elle de brosser ces adorables bêtes. Mais ce n'est pas tout. Loin de là.


Le poing fermé s'écrasa fermement sur le visage du fanfaron. Une vidéo au ralentit vous aurait surement bien fait rire, mais en soit l'hématome qui déjà apparaissait sur la peau pâle du jeune homme prouvait à quel point le coup avait été fort. « Je te jure que t'as pas intérêt à lui reparler. Tu l'approches même pas. » Etait-ce justifié, elle vous dira que non, je réponds que oui. La raison de ma colère ? Un pauvre type comme d'habitude. Ne me demandez pas pourquoi, il n'y a pas vraiment de raison, du moins elle est toujours la même. Elle. Cette fille que j'aime par-dessus tout. Autant vous prévenir, une amitié aussi longue ne peut pas rester à ce simple stade. Lorsqu'un homme et une femme arrivent dix ans après et sont toujours aussi soudés, même après avoir passé une bonne partie de leur temps ensemble, il n'y a pas que de l'amitié entre eux. En tout cas plus d'un des deux côtés. Dans notre situation, c'était du mien. Quiconque désirait toucher le moindre cheveu de ma belle se voyait repartir avec un joli dessin bleu sur le visage. Mais comment lui expliquer la raison de ma jalousie et de mes manières possessives, alors que moi-même je passe mon temps à ramener de nouvelles conquêtes le soir chez nous.
Chez nous ? Je vous vois hausser les sourcils en un point d'interrogation (faudra m'apprendre, je ne connaissais pas). Oui, car madame a décidé d'aller vivre à Burano, vous savez l'île Nutella. Doutez-vous bien que je l'ai suivie. Je n'avais pas envie de la perdre. Quitter mes parents ne fut pas le plus dur. En fait, rien ne fut bien dur. Là-bas, nous avons notre maison à nous, au bord de la plage, avec mon chien Frisbee et mon chat USB (j'ai un grand sens de l'humour voyez vous !) et puis son chaton à elle, Neiko, et ici je peux la rendre aussi folle que je veux, puisque nous sommes seuls en colocation. Et puis ici les filles sont pareilles qu'ailleurs.
Du coup, dans l'optique d'ouvrir notre propre salon de toilettage canin, je me suis trouvé un job en tant que crêpier. Après tout je ne cuisine pas trop mal, cela attire les demoiselles et puis le Nutella c'est l'emblème de l'île après tout. Alors, si en plus ça peut faire plaisir à Eziria qui adore le chocolat ! Si seulement je pouvais lui dire ce que j'ai sur le coeur, peut-être arrêterait-elle de sortir avec des crétins, mais je ne veux surtout pas la perdre. Donc, en attendant, je sors avec de jolies filles, profitant de mon physique d'apollon (et de ma modestie) pour les attirer à moi, dans l'optique de me changer les idées. Comme avec cette bécasse avec qui je suis sorti pendant deux mois, il y a deux mois justement. Pas franchement mon truc ce genre de relation. C'est tellement plus agréable de se réveiller seul dans son lit, tout en sachant qu'on a passé une super nuit, plutôt qu'avec une fille dont on ne connait pas le nom et qui veut à tout prix son petit-déjeuner au lit non ?