J'enlève mes chaussures. C'est la seule façon de se rendre au bar de la plage du côté d'où je viens. Et comme j'ai la flemme monumentale et surtout que je suis un peu retard -il y a des choses qui ne changent pas dans ce bas monde- je n'ai pas spécialement l'envie de faire un détour. Me voici donc nus pieds, telle une vagabonde dans les rues d'une grande ville. Je prends mes converses à la main et traverse le désert de sable. Je me rapproche petit-à-petit des lumières que projettent des lanternes du pub. Des tables sont dispersées et je mets bien une minute entière à trouver mon frère. Lorsque je le vois, je me dirige rapidement vers lui, les joues rougies. J'ai l'impression de m'être donnée en spectacle. Sandro! Je le prends dans mes bras dès qu'il se lève. Je m'écarte et lui fais la bise. J'suis trop contente de te voir. J'ai l'impression que ça fait bail. Je m'assois sur la chaise en face de lui. C'est sympa ici. Il y a déjà des jeunes qui viennent célébrer la tombée de la nuit. Une musique rock et traditionnelle vient chauffer l'ambiance. Je suis toute excitée parce que c'est pas souvent que je sors le soir, surtout dans un bar. Je ne me sens pas si à l'aise que j'en ai l'air. Mais j'ai confiance en mon frère, je sais que je vais passer une bonne soirée.

Je suis assis dans ce bar de plage, et j’attends. Je connais bien ce petit bar, parce que je passe énormément de temps de ma vie sur la plage vu mon métier et aussi parce qu’il m’arrive d’y chanter. Métier que les Salina-Delavega n’étaient pas vraiment prêt à accepter au début. Tu vois, quant tu portes un nom pareil et que tes parents sont connus dans tout le coin pour leur fortune, on s’attend à ce que l’aîné marche sur les traces de son père… Pas à ce qu’il finisse maitre nageur sauveteur et chanteur de bar. Je suis pas le rebelle de la famille… Simplement, je vis ma vie comme je l’entends, et moi, j’ai pas vraiment besoin de lâcher un rire coincé tous les cinq minutes et de porter des chemises impeccables tous les jours. J’ai pas besoin de l’argent pour être heureux… J’ai juste besoin des gens que j’aime, et de ma guitare. C’est tout.
Pourtant ce soir, si je suis dans ce bar, ce n’est ni parce que je suis au travaille, ni parce que j’ai décidé de m’y produire. C’est parce que j’ai rendez-vous avec une demoiselle.. Ma petite sœur, hein, allez pas vous imaginez je ne sais pas quoi. Disons que ma sentimentale est déjà assez compliqué pour que je me permette d’ajouter quelqu’un de plus dans tout ça. Non merci. M’asseyant à une table, un cocktail à la main je guette la prote à chaque fois que quelqu’un l’ouvre. Je sais bien que Maria n’est pas du genre à venir ici. Je sais bien qu’elle se sentira mal-à-l’aise, Mais justement je compte bien y remédier. Je crois que ma petite sœur à besoin de se lâcher. De boire un peu et d’oublier. Mais pas trop non plus hein… Je reste quand même le grand-frère. Je surveille. Quant je vois enfin la chevelure flamboyante de ma jeune sœur voler derrière ses épaules, je me lève en souriant et l’embrassant sur chaque joue. Moi aussi je suis content de te voir. Je me rassois à ma chaise alors qu’elle me fait fasse. J’ai quitté la maison familiale pour vivre dans mon chez moi beaucoup moins sophistiqué et grand que notre demeure familiale. En fait je crois que c’est ça le truc qui a toujours cloché chez moi. J’ai des gouts simples. Je préfère largement vivre dans un appartement sympa, que dans notre ancienne maison. Commande tout ce que tu veux, c’est moi qui régal ! lançais-je pour l’inciter à boire. Buvant une gorgée de mon propre cocktail déjà bien entamée je souris. Alors quoi de beau ma jolie ?

Mon plus grand frère est mon favoris. L'autre s'occupait beaucoup trop à s'acharner sur moi, alors j'ai eu le temps de jeter mon dévolu sur Sandro. Il était mon plus cher ami et mon plus grand protecteur. Oui, gare à ceux qui osaient me faire du mal. A l'école, lorsque j'étais petite, je ne me souviens plus le nombre de fois où je fus sauvée par mon ainé. Il prenait ses devoirs de grand frère au sérieux, chose inimaginable de la part de Pietro. D'ailleurs, avec ce dernier, c'est bizarre entre nous. Disons qu'on est plus inconnus l'un par rapport à l'autre que du même sang et de la même chair. Heureusement que j'ai Sandro. Et même s'il est parti vivre en dehors de la maison familiale et qu'il me manque terriblement, je m'efforce de le voir le plus possible. Une semaine sans lui est terrible à passer. Sandro m'apporte la joie et la bonne humeur et aussi la folie. Sincèrement, de tous mes amis, je ne me suis jamais aussi amusée qu'avec lui -exception Eziria évidemment. Je lui lance un sourire jusqu'aux dents pour montrer à quel point je suis contente et excitée d'être ici. Et pour me mettre encore plus à l'aise, j'ai le droit de choisir ma boisson. C'est naturellement que je vais vers les cocktails sans alcool. Maman m'interdit toujours d'en boire lorsque je dîne avec eux. Oh cool, merci! Alors je vais prendre un sunrise, qu'en penses-tu ? Je regarde son verre avec hésitation. De l'alcool. Ca me dirait bien d'en boire. La dernière fois, je me suis sentie trop bien, un pompette, mais bien, à l'aise dans ma peau. Mais d'un côté, j'ai envie de profiter pleinement de la soirée avec mon frère et ne pas me retrouver à ronfler sur la table du bar. Ou... peut-être un cocktail alcoolisé, mais je n'y connais pas grand chose. Qu'est-ce que tu me recommandes ? Je me tâte et me gratte le menton d'un air pensif tout en répondant à sa question. Ca va super. Je suis trop contente de faire partie de l'animation de l'expo dans le centre-ville. Tu sais, celle avec les photographies de Burano. Il faudra que tu viennes y jeter un coup d'oeil d'ailleurs, certaines sont vraiment magnifiques. Je relève la tête de la carte du bar. Et toi, tout va bien ?